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Rencontre avec Nathalie Bernard, romancière

Par admin lakanal, publié le dimanche 16 avril 2023 16:47 - Mis à jour le lundi 17 avril 2023 08:24
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Interview

Prix ROMAN ADO

rencontre avec la romancière

Nathalie BERNARD

Les médiathécaires de Foix ont accueilli, dans les murs de leur section jeunesse, des lecteurs de 3ème et de 2nde ainsi que leurs enseignantes de français et leurs professeures-documentalistes pour rencontrer l’un des écrivains concourant dans le cadre du 2ème Prix roman Ado. Il s’agissait de Nathalie Bernard, auteur, entre autres, de Sept jours pour survivre, premier opus des enquêtes de Valérie Lavigne, en plein cœur d’un Canada sauvage.

Pendant deux jours, Nathalie Bernard s’est livrée avec générosité sur son métier.

Voici les confidences qu’elle a livrées aux élèves de 3ème4 et de 3ème8, de bon matin, jeudi 13 avril.

 

Bonjour à tous,

Certains d’entre nous avons lu le captivant thriller Sept jours pour survivre.

Nous oublions pourtant souvent qu’à l’arrière d’un livre se trouve un écrivain et tout un univers.

Alors laissez-nous vous présenter celui de Nathalie Bernard. Nous avions préparé quelques questions en amont, en cours, mais très vite des questions plus spontanées ont émergé grâce à l’auteur qui a su nous mettre vite à l’aise.

Voici un aperçu de notre échange.

 

BUREAU OU HAMAC ?

NB : Rires : « Ni l’un ni l’autre. J’ai restauré mon cabanon de jardin pour en faire mon bureau d’écrivain. C’est un lieu dédié à l’imagination, à la création. C’est un rendez-vous quotidien de moi avec moi et de moi avec l’écriture. »

 

VOTRE PERCEPTION DE L’ÉCRITURE ?

NB : « Pour moi, écrire est un moyen de s’évader et d’offrir l’opportunité aux lecteurs de s’évader. De s’immerger dans un autre monde.

Écrire est un acte de création pour le romancier mais le lecteur est un créateur lui aussi. Il entre dans un processus de création. Il imagine beaucoup plus que devant un film.

Écrire permet aussi de poser des questionnements. Et permet aux lecteurs de trouver un certain réconfort. L’auteur réussit parfois à exprimer ce que le lecteur a parfois du mal à voir en lui-même. Il offre des possibilités de se reconnaître dans les univers des personnages, dans leur caractère, leurs choix. »

 

PERSONNAGES RÉELS OU FICTIFS ?

NB : « Ah! Il y a toujours une part de personnel dans un roman. Mes personnages sont tous fictifs mais j’ai pu m’inspirer de gens réels, de connaissances. Ou une dimension personnelle. Il y a de moi en Valérie Lavigne. Mais il y a aussi de moi en Nitta (la jeune fille séquestrée dans le roman), car comme elle, j’ai une passion pour la photographie et les séries de clichés d’objets insolites. Vous savez, les plaques d’égout, dans l’histoire ? Il y a donc un tissage entre réel et fictif. »

 

UNE AUTRE PROFESSION ?

NB : « Je ne crois pas non. Quand j’étais petite, je recevais des livres pour Noël. Et j’adorais ça. C’était comme une gourmandise. Ma génération a lu les mêmes, il y avait beaucoup moins de diversité que maintenant.

J’ai découvert Les quatre filles du Docteur March. Dans ce roman américain, Jo, l’une des sœurs écrit et découvre un jour son nom sur la reliure en cuir de son livre imprimé. J’ai voulu connaître cette joie.

Plus tard, j’ai découvert l’univers de Louis-Ferdinand Céline dans Voyage au bout de la nuit. J’en ai fait un pastiche, c’est-à dire une imitation et l’un de mes petits amis a trouvé que c’était une réussite et m’a mise au défi, parallèlement à son propre travail, d’écrire un roman.

Nous avons trouvé des maisons d’édition en sillonnant les rayons de la plus grande librairie de Bordeaux, la librairie Mollat. J’ai posté mes écrits et trois maisons m’ont envoyé une réponse positive.

J’ai débuté comme cela. Mais l’on ne vit pas facilement de l’écriture. J’ai donc été serveuse, garde d’enfants pour compléter mes revenus. Cela fait 28 ans que j’écris mais je n’en vis vraiment que depuis 8 ans. 

Il faut de la détermination pour arriver à ses fins, comme pour tout. »

 

INSPIRATION OU IMAGINATION ?

NB : « Les deux. Mais il manque quelque chose d’important. Je vais prendre un exemple.

En retapant mon cabanon de jardin, j’ai pensé à l’univers de Stephen King. Qui connaît Stephen King ? Ah ! Je suis contente de voir des doigts qui se lèvent.

Puis, je me suis mise dans la peau d’une amérindienne de 13 ans et je me suis imaginée être contrainte de créer un refuge car je devais me mettre à l’abri d’un prédateur. Mais quel prédateur ? Le froid ? Un ours ? Un humain ?

Finalement, j’ai mis les trois. (rires).

Mais ce qui est primordial, c’est de s’appuyer sur des recherches. Ma maison d’édition trouvait que mon scénario fonctionnait mais qu’il manquait une dimension. J’ai compris ce que c’était en relisant mon travail : les lieux. Je n’étais jamais allée au Canada et pourtant j’en parlais. J’ai donc pris un avion et suis partie 15 jours là-bas : hydravion, cabanes au milieu des forêts, promenades au milieu d’une nature sauvage.

Jai ensuite enrichi mon écriture grâce à ma documentation et à mes découvertes personnelles. 

Les recherches sont la nourriture pour écrire un roman. »

 

 

 

 

ET VOS COURS DE FRANÇAIS ?

NB : Sourire large vers Mme Croizier : « J’adorais cette matière. C’était ma préférée. J’étais une élève moyenne mais les rédactions et les lectures proposées m’ont offert des moments de respiration, au collège. »

 

VOTRE GENRE DE PRÉDILECTION ?

NB : «  L’univers du thriller. Je l’égrène dans mes livres. J’ai commencé par écrire un livre sur les vampires.

Mais, en fait, mon premier écrit -je devais être au CE2 - c’étaient quatre lignes qui racontaient une histoire de chats et deux dessins griffonnés à côté. (Rires)»

 

VERTIGE DE LA PAGE BLANCHE ?

NB : «  Jamais ! Le secret pour ne pas être en panne d’idées, c’est le scénario, le plan. Pour écrire une histoire, il faut connaître le début et la fin. C’est primordial. 

Cela guide l’écriture.

Et puis se donner un petit ou un grand rendez-vous avec l’imagination. Un rituel. Même 10 minutes. J’ai toujours travaillé le jour, selon les horaires scolaires car j’ai une fille et un mari. Une vie qui nécessite d’être avec les autres mais de pouvoir me retirer aussi. 

Travailler avec un scénariste, un illustrateur des premières de couverture de mes livres, mon éditrice nourrit aussi mon travail. C’est appréciable de travailler avec d’autres personnes car on est souvent très seul quand on est écrivain. Par nécessité pour moi. »

 

D’AUTRES ENVIES ?

NB : «  Oui, bien sûr ! La photographie, les argentiques. Le dessin. L’ornithologie. J’aime tellement observer les oiseaux.

Et les promenades. Plus je vieillis, plus j’ai besoin de la nature.

J’aime aussi le chant et partager du temps avec un guitariste et une comédienne dans nos concerts dessinés. »

 

ET VOUS ? Nathalie Bernard s’intéresse à nos goûts (lectures, films, séries…)

Julian : « Les policiers. Je lis Agatha Christie en ce moment. »

Laure et Sarah : Presque en chœur : « La FANTASY!!! »

Sofiana : « Les romans historiques et les romans feel good ».

 

Le temps a passé, comme dans un cocon. Merci à la Médiathèque de nous avoir reçus et à Nathalie Bernard pour cet échange si riche.

Pour plus d’informations et notamment une bibliographie des œuvres de l’auteur : https://fr.vikidia.org/wiki/Nathalie_Bernard

 

Bonnes lectures !